Retour sur les 100 ans de l’IHEI
Créé sous statut associatif et intégré à l’Université de Paris dès 1921 dans le contexte d’une dynamique mondiale de création d’institutions et de think tanks sur les questions internationales, l’Institut des hautes études internationales (IHEI) a organisé à l’occasion de son centenaire un colloque international au programme ambitieux : « Le droit international pour un monde nouveau » et organisé autour de quatre axes forts : nouveaux défis, nouveaux acteurs, nouvelles procédures et nouvelles menaces, et réunissant les spécialistes mondiaux de la discipline.
Le droit international, public et privé, a en effet connu des mutations profondes depuis 100 ans, marqué par les évolutions importantes du paysage géopolitique. Les logiques bilatérales et horizontales ont été progressivement concurrencées par une logique de régulation plus verticale, notamment avec la fin de la guerre froide et l’expansion de la mondialisation. Dans ce contexte, la situation internationale a ainsi évolué vers une architecture complexe dans laquelle la communauté internationale dispose de peu de pouvoirs contraignants, mais où des institutions comme la Cour internationale de justice ou l’Assemblée générale des Nations unies deviennent des outils essentiels de l’expertise internationale. Les coups portés au multilatéralisme ces dernières années, par exemple à l’Organisation mondiale du commerce ou encore lors de conflits bilatéraux récents, ont toutefois montré les défis auxquels sont confrontées les organisations internationales, dont le rôle de médiateur reste tributaire de la volonté des États, garants de leur bon fonctionnement. Plus généralement, l’on voit émerger des heurts entre droits nationaux, constitution nationale et droit international, qui fragilisent la légitimité opérationnelle des mécanismes juridiques de droit international. Enfin, les nouveaux espaces que constituent le droit environnemental ou encore le droit humanitaire voient également se poser avec acuité la question des normes juridiques applicables, et notamment la question de savoir quelle place accorder à la soft law, instrument non contraignant mais parfois efficace, notamment par le truchement de la pression de la société civile.
La publication des actes du colloque permettra à tous de prendre connaissance avec exhaustivité de la richesse des contributions intellectuelles fructueuses de ces trois jours.